Entretien réalisé le 22/10/2016 par Franco on Web rédacteur à www.buzzonweb.com
Présentez-vous ?
Je suis Florence Soustre-Gasser, j’ai créé Praxi-Lab autour de mon activité de coach d’entreprise. Je m’intéresse aux gens, à ce qu’ils créent et à leurs histoires.
Qu’est-ce que le coaching en termes simples ?
C’est une démarche, un travail que tout un chacun peut entreprendre avec une personne formée à l’accompagnement professionnel (un coach) pour se projeter et agir, et ce quel que soit le projet.
On peut imaginer que quelqu’un qui veut changer radicalement de vie professionnelle vienne vous voir : que faites-vous ? Allez-vous l’aider à s’assumer dans son changement ? Qu’amènez-vous en plus ?
Je peux l’accompagner et jouer le rôle de facilitateur, vis à vis de la façon dont il va incarner son rôle de porteur de projet. Il s’agit de le suivre dans ses actions, mais surtout de travailler sur ce qu’il est, afin qu’il soit pleinement en capacité de cheminer vers son objectif. Je ne juge jamais la qualité du projet, ni de sa pertinence d’ailleurs ….
Développez ?
Le projet ne m’appartient pas ! Par contre, mon accompagnement permettra à la personne de faire le point sur sa capacité à le mener à bien, et à clarifier son projet. Ce travail de clarification de l’objectif est central dans un coaching.
Derrière le mot coach on met plein de choses : un footballeur appelle son entraineur coach, des chefs d’entreprises ont un coach ….
Les principes d’un coaching d’entrepreneur et d’un coaching sportif ne diffèrent pas tant que ça ! Dans les deux cas il s’agit de parvenir à mobiliser la personne, l’aider à gérer son stress, la mettre dans les meilleures conditions pour accomplir ce qu’elle souhaite, que ce soit une performance athlétique, le repositionnement d’une entreprise obligée de s’adapter aux mutations de son marché, ou encore deux entrepreneurs qui auraient à coeur de fonctionner ensemble avec la meilleure fluidité, au même titre qu’une équipe de basket de la NBA ! Les bases théoriques sont d’ailleurs les mêmes, les principes ayant été principalement établis par Tim Gallwey en 1972, lorsqu’il entraînait les tennismen américains.
Au final, le client comme le sportif sont seuls sur le terrains de leurs actions. C’est pourquoi le travail de coaching se développe avant tout sur les individus. Cela commence donc par un travail d’exploration de l’identité de l’individu, de l’entrepreneur ou l’entreprise qu’il représente.
Aujourd’hui on reproche aux politiques de ne savoir que gérer des situations, et de ne pas trouver des solutions ! Vous dites donc que celles-ci viennent des gens ?
Exactement ! La société est encadrée par un ensemble de lois, et pourtant elle change sans cesse. Le coach a la très grande chance de pouvoir accompagner les changements de la société, en se positionnant aux côtés de ses différents protagonistes : particuliers, entrepreneurs, artistes, sportifs… Même si pour ma part ma compétence s’inscrit dans les domaines de l’entreprise.
Pouvez-vous nous expliquer comment apparaissent ces changements ?
Le changement apparaît quand un élément nouveau fait son apparition, allant contre la norme établie mais pouvant correspondre à un besoin émergent. Au début cela intéresse une deux personnes puis bientôt vingt, puis cent et puis vingt mille. Norbert Alter (sociologue de l’innovation à Paris Dauphine) a bien expliqué le cycle de l’innovation : si quelqu’un développe une idée contre la norme qui correspond à un besoin, le début est très confidentiel et nécessite une grande force de conviction pour son inventeur. Mais ensuite, si le porteur du projet a su garder le cap et maintenir son développement, alors le public à qui elle est destinée se l’approprie et sa consécration ne manque pas d’arriver, jusqu’à même ce qu’elle rentre dans la norme.
Quel est alors le rôle du coach, dans ce processus d’innovation ?
Le coach peut accompagner le porteur de projet dans les phases de développement de son idée, afin qu’il ait la force suffisante pour maintenir le cap pendant les phases initiales où le projet va chercher son public, ses partenaires et prescripteurs. Le coach peut également intervenir en cours de cycle, pour aider l’entreprise à se dimensionner humainement, en faisant notamment face au stress de la croissance. Enfin, à la fin du cycle lorsqu’une idée est ancrée dans les usages depuis longtemps, le coach peut intervenir pour aider l’entreprise à se réinventer, à lancer un nouveau cycle d’innovation !
Quelle est la différence entre un psychologue et un coach ?
Un psychologue ne poursuit pas un objectif donné, il travaille sur l’ensemble de sa personne, il vise souvent une guérison, et pour ça va se baser sur l’histoire de la personne, son passé.
Un coach regarde vers l’avenir, et agit dans le présent. Il accompagne une personne, ou une entreprise, qui a une demande donnée vers un objectif donné : il l’aide à visualiser l’objectif, à agir…. La demande initiale est comme un iceberg : le client en formule la partie visible et le coach va aller chercher par sa maîtrise de l’art du questionnement la partie immergée. A partir de là le client pourra définir l’objectif clair de son travail, et le coach l’accompagnera tout au long du parcours vers cet objectif.
Certains pourraient envisager le coaching comme une promotion sociale, pourtant on le voit souvent comme quelque chose qui appartient aux grands patrons alors que toutes les couches sociales peuvent en avoir besoin
Oui bien sûr et si pour ma part, je me spécialise dans le monde de l’entreprise, ma clientèle est dans sa plus grande part composée d’entrepreneurs, dirigeants de TPE, de salariés en reconversion professionnelle. Le coaching est pertinent pour tous, car il permet avant tout de se connaître, d’apprendre à adapter ses stratégies personnelles afin de cheminer vers un objectif qui l’est tout autant. Il vise la performance individuelle et collective, et l’autonomie.
Vous avez un bagage technique qui est là, mais il faut bien connaitre aussi l’activité de son client pour pouvoir l’accompagner. Avez-vous cette connaissance ?
Non et ce n’est pas grave ! (Rires)
Pourquoi ?
Mais parce que mon client n’attend pas de moi que je lui explique comment faire son métier ! Ce qu’il attend, c’est que je l’aide à avancer en direction de son objectif, et l’expertise nécessaire pour cela s’ancre dans l’art du coaching, que j’ai appris via une formation sanctionnée par un diplôme de niveau Master reconnu par l’État (RNCP niveau I), au sein d’un institut de formation (Linkup Coaching) reconnu par les différents organismes interprofessionnels pour son sérieux académique et pédagogique.
Je ne vais pas pousser le client vers une direction donnée, lui seul a la connaissance nécessaire pour déterminer cette direction. Mon travail est de poser des questions, les bonnes surtout : le coaching est l’héritier de la maïeutique socratique, ou l’ « art de faire accoucher les esprits » !
A partir des réponses qu’elle va entendre, au fil du travail que nous ferons ensemble, la personne aura une vision plus nette, tellement nette, qu’elle déterminera quels sont ses objectifs précis et saura identifier ses contraintes, ses limites, mais surtout ses ressources et ses moteurs. Et elle pourra construire les actions concrètes qui la feront parvenir à son objectif.
Les questions utiles ?
Oui bien sûr, ce sont aussi les questions qui ne déclenchent pas des conséquences néfastes ou des remises en causes, qui peuvent avoir des conséquences dramatiques ! Je fais attention à ce que l’on appelle dans le jargon « l’écologie du client » et qui peuvent avoir des répercussions sur la sécurité de la personne. Le coaching s’inscrit toujours dans une dynamique positive pour la personne, l’entreprise clientes.
Il faut donc que le client trouve une définition et une affirmation de soi ?
Une affirmation de soi par rapport à un objectif avec une vision de ce qu’elle/il veut faire !
Ce qu’elle/il veut faire ou ce qu’elle/il veut être ?
Ce qu’elle veut faire et vous avez raison de relever cette différence entre le rôle et l’être ! Ce que les gens font n’est pas forcément exactement égal à ce qu’ils sont. Tout dépend bien du contexte !
On peut imaginer que quelqu’un qui veut changer radicalement de vie vienne vous voir : que faites-vous ?
Déjà changer de vie c’est vaste ! Je vais aider la personne à définir exactement ce qu’elle veut changer : identifier l’objectif à atteindre. Ensuite, ce changement va se construire par des actions, et mon rôle sera de le suivre dans l’élaboration de ces actions, et de leur réalisation.
Mais si quelqu’un vous parle d’un projet improbable ou dangereux que lui dites-vous ?
Pourquoi cette action, pourquoi cette envie ? Je vais essayer de comprendre, je vais l’aborder comme ça …. Au fil des explications, la personne sera amenée à porter un regard neuf sur ce projet. Par contre en aucun cas je ne me donne le droit de porter un jugement sur ce qu’elle m’amène. Si toutefois, je ne suis vraiment pas à l’aise avec un contexte donné de coaching, je proposerai à la personne de contacter un confrère. Le coaching s’ancre dans la confiance, entre le coach, et le client. Il doit également constituer un espace de liberté pour le client, dans le cadre défini par la déontologie s’y rapportant. Si un malaise existe entre le client et son coach, alors le travail ne peut avoir lieu dans de bonnes conditions. Heureusement c’est très rare !
Justement ça se passe comment quand on vous contacte ?
La première rencontre a pour objet de se découvrir mutuellement : le client m’explique sa demande, et j’expose les possibilités et le cadre du coaching. Cette première séance est fondamentale pour la suite, car on y installe le rapport collaboratif, le « feeling » qui encadrera tout le travail de coaching, mais également on clarifie les modalités du parcours. Si un client a une demande qui ne peut pas être traitée en coaching, je dispose d’un réseau de professionnels que je peux recommander.
Pendant combien de temps et à quel rythme ?
Un délai assez court : trois à neuf mois comme une grossesse (rires), avec une séance toutes les semaines ou tous les dix jours environ. Les séances durent à peu près une heure. Je facture à l’heure selon les tarifs de l’Association Européenne du Coaching (EMCC France).
Vous appartenez à cette association ?
Oui, bien sûr. Nous avons un code de déontologie et un diplôme obligatoire : les coaches professionnels sont formés en permanence et doivent démontrer d’un bagage académique initial pour appartenir à cette association. Mais surtout dans le travail que nous effectuons nous ne devons pas oublier que notre but est que le client doit atteindre son objectif de façon pérenne.
Et au final, de quoi les gens qui recourent au coaching ont-ils besoin ?
De se voir dans miroir, de parler d’eux même, de faire un peu ce qu’on fait ensemble, mais de manière intimement approfondie ! De se hiérarchiser, de prendre conscience de leurs qualités et de leurs ressources pour aller vers un objectif donné. Objectif qui n’est pas précisément toujours défini : le coaching va les aider à définir cet objectif précisément et puis à dessiner la route pour y parvenir.
Avez-vous conscience que vous pouvez faire grandir une personne autant que vous pouvez la détruire ?
J’en ai conscience, c’est pour ça que je respecte scrupuleusement la déontologie professionnelle édictée par l’EMCC, qui m’incite à une très grande rigueur de travail, la plus parfaite maîtrise de ma pôsture de coach et des outils que j’utilise, et qui comporte les dispositions pour l’accompagnement le plus positif, bienveillant et chaleureux des personnes qui s’adressent à moi.
Le mot de la fin : pourquoi êtes-vous coach?
Parce que je m’intéresse aux gens, je ne me sens pas dans le rôle de quelqu’un qui va changer la société mais que j’aime bien l’idée de me positionner de côté pour aider les gens à la transformer. De cette manière, je m’inscris en catalyseur d’histoire(s) !